• Et voilà, nous y voilà ! Le Chapitre Final de The Past est devant vous, prêt à se faire dévorer.

     

    A la surprise générale, Rain se tenait là, debout, derrière Morgarath. Il semblait droit, et dégageait une puissance hors-du-commun, à en voire son attitude. Le Tsukuyomi borgne maintenait fortement la lame obscure qu’il tenait dans la main. Celui-ci ne dégageait rien d’ordinaire, comme possédé par une force maléfique qui ne demandait qu'à se déchaîner.

     

    « Comment as-tu…

    - Alors…Si nous reprenions ?

    - Mais tu n’as plus de sabre…Tu vas t’y prendre comment ? Ugh ! »

     

    La question posée, la réponse apparut. Rain était déjà en train de forcer la garde du Seigneur, faible car ce dernier était pris par la surprise. La Rose Noire se détacha de son propriétaire, qui eut, pour l’occasion, une violente écorchure sur le torse, rapidement comblée par le sang.

     

    « Mais que…

    - C’est ça que tu cherchais ?

    - C’est…

    - Hé oui…C’est la Lame Maudite. End.

    - Impossible ! Comment as-tu pu la récupérer ? Même moi j’en étais incapable !

    - Le destin m’a choisi.

    - Ca ne peut être qu’une copie…Impossible !

    - Alors tu m’expliqueras ces cicatrices ? Ce sont les séquelles de mon combat contre End, avant que je ne vienne te combattre…Et regarde par toi-même les créatures de dehors.

    - Mais ce sont…C’est strictement impossible ! Comment les Chinmères t’obéiraient-elles ?

    - Oh…Va savoir…Peut-être parce que j’ai battu End…Ce sabre en est la preuve.

    - Alors comme ça tu es devenu le Roi des Dieux Démoniaques ? Très bien…

    - Ben disons que ça fait cinq chapitres je crois… »

     

                   Puis, Rain se lança à l’attaque, conscient que parler de ça n’avancerait à rien. Désormais Morgarath savait à qui il avait affaire : le fils de Seth était le Roi des Dieux Démoniaques, celui qui a vaincu End et récupéré sa Lame Maudite scellée. Et il avait l’intention de garder le meilleur pour la fin. Morgarath se releva avec peine, sur un coup de chance, et continua à se poser sur une stratégie défensive, ne pouvant rien faire d’autre. Le Roi continua ses assauts sans relâches, aussi simples soient-ils.  Le Seigneur, lui, peinait à suivre le rythme des mouvements, devenu bien plus soutenu, tout en conservant une puissance égale, voire supérieure qui se ressentait lors de leur précédent combat. Et tandis que Rain prenait l’avantage, une grande secousse se fit entendre. Le vaisseau commençait à chanceler.

     

    « Mais qu’est-ce que… ?

    - Ha…Il a enfin réussi…Alexander.

    - Celui-là…Qu’est-ce qu’il fait ici ?

    - Il a simplement décidé de m’aider. Il semble que ton armée soit moins résistante que prévu, n’est-ce pas ? De toute façon…Il va falloir finir ce combat. Reiko ! Emmène Ashcroft et Lilith, ainsi que Kiryu ! Dépêche-toi !

    - Mais…On ne va pas te laisser tout seul !

    - Je m’en fiche ! J’ai dit que pour accomplir ma mission j’irais jusqu’à abandonner ma vie, alors dépêchez-vous !

    - Rain…Non…

    - Lilith, pars. Ca vaut aussi pour toi. »

     

                   Pendant le chancèlement du vaisseau, le groupe de Reiko prit la fuite tant bien que mal. Par chance, Rain avait tué tout l’équipage en quelques centaines de coups de sabre. Fubuki les rejoignit pendant que Morgarath avait le dos tourné, puis les accompagna jusqu’au vaisseau, où ils prirent le large. Une fois mis à l’écart, le décor était digne d’un tableau : la capitale était totalement ravagée, quelques rares immeubles se tenaient là, à la manière de la tour de Pise, les abîmes formaient un véritable assemblage de vaisseaux capillaires tant ils étaient nombreux et grands. Les deux fronts étaient parfaitement distinguables : le front des Chinmères et des humains, mobilisés par Alexander Tsukuyomi, l’autre par Morgarath, peuplé par les androïdes et autres créatures artificielles telles que les Advents évolués.  Le sang s’était collé au sol, marqué par d’innombrables traces de chaussures et par des cadavres qui avaient la mainmise de cette terre dévastée par les puissances qui se confrontaient depuis des heures. Le moral d’aucun des deux camps n’avait baissé, tous continuaient à se battre avec acharnement, subordonnées par les dirigeants des armées. Tous étaient d’excellents stratèges et se contraient mutuellement, toujours en réservant des surprises.

                   Alexander devenait cependant épuisé de commander de telles troupes à lui seul. Celles-ci avaient également du mal à tenir en place, malgré leur volonté de fer. Ils étaient humains avant tout et leurs corps comme leurs âmes avaient des limites. Mais les Chinmères, elles, ne l’entendaient pas de cette oreille. Créatures du Roi des Dieux Démoniaques, elles avaient un pouvoir incommensurable que même leur instinct de survie et leur force sauvage ne mettaient pas en pratique. Mais depuis quelques minutes, elles semblaient avoir gagné en puissance et commençaient, à elles seules, à repousser les lignes ennemies. Une ou deux étaient même parvenues à se propulser jusqu’au vaisseau pour tenter d’occasionner quelques dommages, ce qui provoqua, malgré un sacrifice, le chancèlement du cuirassé.

                   Reiko, en voyant la scène, devina ce qui se passait sous ses yeux. Le retour en force de Rain avait provoqué chez les bêtes démoniaques l’éveil de leurs capacités. Alors que celles-ci allaient bientôt succomber sous les armes et les pouvoirs des Advents évolués, elles reprirent systématiquement l’avantage en les tuant sans la moindre pitié avec une facilité presque étrange. C’était sans doute dû au fait que le fils de Seth était devenu ce Roi, et il avait acquis assez de puissance pour réaliser ses rêves et avoir une chance de voir ses espoirs se concrétiser. Il avait placé sa confiance en les serviteurs d’End. Et ceux-ci effectuaient le carnage espéré, en détruisant tout ce qui se trouvait sur leur passage de bête. Alexander en était réconforté, il avait retrouvé l’énergie nécessaire pour mener à bien et jusqu’au bout cette bataille décisive. Mais ce qui déterminera vraiment le vainqueur, ce sera sans doute le combat entre Morgarath et Rain.

     

                   Les coups de sabre continuaient à pleuvoir comme des gouttes, à la même fréquence que celles qui se fracassaient dehors, contre un sol ratatiné par la mort. Rain s’amusait presque d’un tel combat, il enchaînait les coups de sabre à la même vitesse que s’il pianotait sur un clavier. En si peu de temps, il avait repris l’avantage qu’il lui avait été volé. End partageait les émotions de son successeur à travers son sabre, et les deux ne firent bientôt plus qu’un. Le sabre était le manieur et le bretteur était le sabre. Un état de concentration total avait envahi Rain, il ne pensait plus qu’à vaincre, bientôt, il ne souciait plus de ce qui se passait autour de lui, il ignorait désormais l’état de danger dans lequel lui et son adversaire était, soit celui de mourir dans l’écrasement du cuirassé géant. Chaque coup d’épée lui donnait la conviction de sa victoire et de l’accomplissement de sa destinée. Il sentait son futur s’approcher de seconde en seconde, par l’illusion de sa future victoire. Mais plus que jamais, il voulait tuer Morgarath, le faire souffrir autant qu’il a fait souffrir le monde. Mais jamais il ne serait prêt à se rendre, le Seigneur savait que ce serait contraire à ses propres principes. Tout ce chemin, il savait que cela le mènerait à cet instant. En partie inconsciemment, il savait qu’un jour, quelqu’un se dresserait devant lui. Ce jour était venu.

                   Morgarath croula sous les techniques améliorées de Rain. Il n’était pas nécessaire de lui rappeler que le fils de Seth était un véritable génie en ce qui concernait les techniques Moon Slayer. La connaissance même de la base à proprement parler lui avait ouvert l’accès à un vaste panel de mouvements plus variés les uns que les autres. Il était l’heure de mettre en pratique toutes ces techniques. Rain donna un coup vertical de bas en haut afin de désarmer son adversaire sous un certain angle, puis il enfonça son épée tout droit dans le ventre de son ennemi. Mais l’effet était tout autre. Ou pire. De petites lames tranchantes jaillissaient du corps et transperçaient Morgarath dans de multiples endroits, avant de disparaître. Le Seigneur criait de douleur, mais cela ne durait pas plus que cinq minutes, le temps de reprendre son épée, sur laquelle il se reposait.

                   L’ancien maître de Rain se jeta sur ce dernier afin de se venger, en combat direct. Le Roi des Dieux Démoniaques sentait bien que quelque chose commençait à changer chez son ennemi juré. Il n’aurait pas été capable de suivre le combat à une telle vitesse, même si sa puissance est devenue plus élevée que celle de son père. Quelque chose le poussait à donner des coups toujours plus violents, comme s’il ignorait les limites de son propre corps, on aurait presque dit que le destin lui ordonnait de lui offrir un spectacle digne de ce nom, gravé dans l’Histoire. Ses agissements montraient bien à quel point Morgarath pouvait se montrer déterminé. Il n’y avait pas que Rain qui avait envie de se lancer dans un tel combat, et il était également loin d’être le seul à avoir envie de le gagner, ce qu’il s’efforça de faire sentir à travers ces interminables échanges entre les Lames choisies par le destin, ces Lames de la Lune qui étaient finalement les arcanes du futur, forgées pour graver l’histoire du Clan maudit dans l’esprit de l’humanité.

                   Morgarath recula puis esquiva le coup que Rain tenta de lui donner, en roulant sur le côté, et fit un saut en arrière. Enfin, il leva la main et une boule concentrée d’énergie maléfique vint prendre forme dans le creux de celle-ci. Elle avait un diamètre égal à celui d’un ballon de basket et à l’intérieur d’affrontaient des éclairs blancs, cherchant à tout prix une collision. Le fils de Seth reconnut cette technique. La Crisis Ball. Mais au lieu de la lancer, Morgarath fonça à vive allure, en ligne droite, vers Rain. Celui-ci comprit le mouvement et décida de fabriquer sa propre Crisis Ball, qui était exactement l’inverse de la technique employée par son adversaire. Sa boule était blanche aux éclairs noirs, comme si la lumière de l’espoir s’était concentrée en un unique point. Le Tsukuyomi borgne fonça lui aussi avec une extrême rapidité.

                   Les deux orbes lunaires entrèrent alors en collision. Leur contact dégagea une vague de vent auxquels eux seuls parvenaient à résister. Les éclairs se foudroyaient et s’entrechoquèrent à plusieurs reprises, et leurs mouvements étaient similaires à ceux d’une tentacule. Chacun d’entre eux forçait pour prendre le contrôle, accentuant alors les impacts des étincelles. Les fracas étaient dignes de déclencher des séismes, dont l’origine se trouvait à l’épicentre de la bataille, tant les collisions étaient puissantes. Une telle énergie était capable d’anéantir ce que l’on pouvait si elle n’était pas correctement maîtrisée. Enfin, les deux concentrés d’énergie lunaire déchaînèrent leur puissance et toute la pièce fut obscurcie par une explosion de lumière. Quand tout redevint visible, Rain se tenait sur un genou, essoufflé. En face de lui, un corps en lambeaux, recouvert de sang. En lambeaux, mais vivant.

     

    « Alors voilà…Ce pouvoir…Que je convoitais…Très bien…Rain. Très bien même…

    - Il a survécu…

    - Il est temps que je te montre quelque chose d’intéressant…Observe le pouvoir de la chrysalide daodane, fabriquée à partir du sang d’un Tsukuyomi ! »

     

                   Morgarath se releva, et ses innombrables plaies commençaient à cicatriser. Plus inquiétant encore, son corps mutait. Il enleva ce qui restait cape, et Rain découvrit alors la véritable apparence du Seigneur : il avait un corps simple mais musclé, cicatrisé par la Crisis Ball. Ses deux yeux étaient devenus bleu clair. Son corps accentua ses formes, renforçant la masse musculaire de Morgarath. Des veines apparurent et des sortes de cornes apparaissaient sur ses avant-bras. Ses cheveux étaient longs, raides et attachés, et de couleur indigo. Des mèches lui tombaient devant le visage mais sans le gêner.

     

    « J’ai compris…Tu as cristallisé ton propre sang, trop faible après ta défaite contre mon père, et demandé à un chercheur de t’implanter ça pour pouvoir continuer à vivre, c’est ça ? Et la véritable raison de ces Lames était de te retrouver un corps parfait, permettant de retrouver tes pleins pouvoirs. C’était le secret qui se cachait sous ton corps, pas vrai ?

    - Tu es vraiment remarquable…Mais ces qualités ne te serviront plus pour longtemps ! Si je te bats, j’obtiendrai End et tout prendra fin ! »

     

                   Morgarath reprit sa Lame de la Lune, Rose Noire, et se remit sur pied. L’homme aux cheveux rouges et au regard de rubis en fit de même. A peine avait-il eu le temps de se rétablir que le Seigneur, renforcé, revint à la charge. Il commença son assaut par un coup bas, avant de prendre Rain à revers par un saut suivi d’un coup vertical. Ce dernier avait vu le coup venir et stoppa net l’attaque de Morgarath. End scintilla et d’un mouvement, son contrôleur propulsa le contrôleur de la Rose Noire dans le sol. L’ancien maître de Rain se releva et entama à nouveau les hostilités. La tension entre les deux combattants était si forte qu’elle vous étouffait. La vie et la mort s’affrontaient sans relâche. Le bonheur et le malheur se faisaient face depuis la nuit des temps et ces deux personnages avaient été choisis par le destin pour sceller l’issue de ce combat pour l’éternité. Deux bretteurs du même clan maudit par le destin se tenaient tête et étaient destinés à se retrouver. A l’instant même, il n’y avait plus de futur. Le présent était figé. Les démons de la destruction s’étaient réincarnés pour leur plus grand plaisir, leur soif insatiable de destruction les avait menés là. Manipulant le temps et l’espace pour s’entretuer, ce combat semblait éternel. Mais le Roi de ces démons en avait plus qu’assez de ce petit jeu.

                   Sa soif de mort montait à vive allure et sa volonté de combattre ne cessait de s’accroître. Quelque chose lui ordonnait de l’exécuter et de le plonger dans les pires souffrances qui soient. Il devait payer, il devait payer pour la souffrance qu’il avait causée. C’en était insupportable et bientôt il succomba à la folie. Sa peau s’obscurcit et sa musculature, à son tour, se renforça. Ses mains se terminaient sur des griffes acérées que personne n’aimerait rencontrer et ses crocs étaient ceux d’une bête enragée qui les avait, par un quelconque moyen, aiguisés pour l’occasion. Le parfum du sang lui montait à la tête et bientôt, dans son œil obscur entouré par un rubis au teint de sang, on ne pouvait bientôt plus distinguer la moindre de ses expressions.

                   Morgarath contempla cette transformation, la transformation du Roi des Dieux Démoniaques. C’était le spécimen le plus puissant que le Clan Tsukuyomi attendait depuis la nuit des temps, attendant la réalisation d’une prophétie. L’âme sauvage de Rain s’était désormais éveillée et s’il voulait avoir l’immense privilège d’utiliser à son tour un tel pouvoir, il devait surmonter les légendes qui couraient, plus morbides les unes que les autres. Quand Morgarath tenta de porter un coup à cette créature, celle-ci riposta d’un simple mais dévastateur coup de sabre, qui traversa la Rose Noire et atteignit directement Morgarath. En fait, End ne l’avait pas traversée, sa sœur aînée, il était simplement trop rapide. Le coup était d’une vélocité sans égale, telle qu’il était impossible d’en discerner le trajet, ce qui donnait l’illusion de traverser un objet. A peine le sombre seigneur avait-il eu le temps de découvrir son écorchure que le Roi lui avait déjà agrippé la tête pour l’enfoncer violemment contre le sol à plusieurs reprises. Il en profitait également pour lui écraser les bras et les jambes dans des conditions atroces de torture. Mais la chrysalide faisait toujours son effet, excepté pour la blessure infligée il y a peu.

                   Le calvaire de Morgarath continua pendant cinq minutes, le temps de réaliser la souffrance endurée pendant ces vingt dernières années de terreur. Quand il essayait de lui porter un coup, ça se retournait contre lui. Rain n’avait plus du tout envie de rire, excepté du spectacle qui se produisait sous ses yeux : il utilisait désormais à son avantage le Moon Slayer, cette technique antique qui consistait à manipuler le temps et l’espace afin d’accroître sa vitesse, à en devenir invisible. Morgarath devenait un simple moucheron comparé à l’immensité des pouvoirs du Roi des Dieux Démoniaques. A son tour, la douleur devenait insupportable, tant qu’il était prêt à y céder. Mais en rien ce n’était pour mourir. Il voulait avoir plus mal, toujours plus mal, une douleur si effroyable et inimaginable qu’elle lui permettrait de devenir plus puissant.

                   Et il arriva à la limite, qu’il avait franchie en subissant un coup en trop. Quand Morgarath avait décidé que le moment était venu, il était incapable de bouger davantage. Rain l’empoigna une nouvelle fois par ses cheveux et alors qu’il s’apprêtait à mettre fin à vingt ans de cauchemar, le cuirassé s’écrasa enfin.

                   Un nouvel élément s’ajouta dans le décor, celui des ruines du Scavenger qu’avait mis au point Morgarath, sa flotte elle-même s’était écrasée. Dès lors, les armées ennemies étaient vaincues. Les Chinmères étaient les seules créatures encore debout, tous les Advents évolués étaient vaincus, déchiquetés en des milliers de bouts de chair et de chrysalide liquide. Les créatures d’End avaient surmonté le pouvoir de ces cristaux de sang, permettant une régénération plus poussée et une mutation du corps, leur donnant des capacités jamais atteintes par de vulgaires spécimens. Alexander se tenait là, lui aussi épuisé : il avait dû lui aussi sortir les armes, et autour de lui se trouvaient des dizaines d’Advents normaux, fraîchement crées quand Ashcroft a lancé son appel à la rébellion.

                   Mais tous étaient hors de portée, Alexander comme les Chinmères, les Chinmères comme Reiko et les autres. C’est alors que quelque chose, ou plutôt quelqu’un lévita dans le ciel, comme s’il était crucifié. Les yeux de Morgarath devenaient le blanc absolu. Sa carrure ne changea pas, déjà modifiée par la chrysalide daodane. Sa peau devenait plus noire, parcourue par des veines blanchies. Les mêmes ongles que ceux de Rain s’étaient installés sur ses doigts. Ses dents étaient pointues et reflétaient la bestialité qui s’était emparée de son âme, qui voulait survivre pour assister à un spectacle de désolation.

                   Morgarath, ayant repris connaissance, attira sa Lame de la Lune dans la paume de sa main. De son altitude, il exécuta toute une série de Divide les plus dévastateurs les uns des autres, tout en s’esclaffant, pris par l’insanité. Mais le fait de manier ça dans les airs requiert une technique cent fois plus aiguisée, à cause de l’absence de fracas. Le Divide prit la forme d’un rayon de lumière noire, amplifié par la répétition de la technique. Le jet se dirigea vers le Roi à une vitesse telle qu’il n’avait pas beaucoup de temps pour trouver une solution. Il décida au dernier moment d’encaisser la technique. Enfin, quand la technique prit fin, Morgarath fonça sur Rain et le fracas qui en résulta fut d’une violence sourde. Les nuages avaient envahi le ciel et l’orage s’était déjà levé, et même du pied gauche. La pluie était incessante et l’impact des gouttes était de plus en plus bruyant, qui se mélangeaient avec la mare de sang, résultat de la bataille, et qui nettoyaient en partie les blessures subies par les deux combattants.

                   Tous deux avaient un sourire démoniaque aux lèvres, s’ils le pouvaient, ils s’esclafferaient devant une telle violence. Plus le combat gagnait en intensité, plus les démons intérieurs semblaient se satisfaire peu à peu de leur gourmandise incessante, et plus la sauvagerie les habitait. Personne ne pouvait prédire qui gagnerait ce combat des dieux, ou plutôt des démons. L’on pouvait percevoir entre les bruits des gouttes qui pianotaient le sol le son des frottements entre les deux Lames de la Lune. Personne ne cédait, et si la moindre erreur venait à se faire connaître, ce serait la fin pour celui qui aura eu la bêtise de la faire.

                   Une ultime fois, Morgarath tenta de faire crouler son ennemi juré sous les coups de sa Rose Noire. Ce dernier se défendait avec facilité, jusqu’à ce qu’il se fasse prendre à revers par un double-piège. Il perdit automatiquement le rythme des coups et le tranchant du sabre le rencontra plus d’une dizaine de fois. C’est alors qu’un cri survint en écho.

     

    « Rain ! Cria une jeune demoiselle à la faux. Relève-toi ! S’il-te-plaît !

    - Cette voix…

    - Rain ! Tu m’as promis un futur parfait ! Il est temps de tenir ta promesse ! Finis-en ! Je te tuerai après.

    - Lilith…T’étais pas censée être de son côté toi ?

    - Comment il casse toute l’ambiance…Espèce d’idiot ! Dépêche-toi de le battre !

    - Rain ! Montre à ton père que tu es digne de sa confiance ! Continua Reiko. Ne fais pas en sorte que sa mort soit veine !

    - Reiko…

    - Rain, je t’ai choisi comme successeur. Ne me déçois pas. Honore ton titre de Roi des Dieux Démoniaques et surmonte ce stade !

    - End…Mais…

    - Rain ! Tu es mon meilleur ami alors je te somme de gagner ! Tu es l’Elu de la Lune, celui choisi par le destin pour sceller celui de la planète ! Montre-moi ce monde habité par l’amitié !

    - Ashcroft…Mes amis…reprit Rain, en reprenant connaissance. »

     

                   Rain avait quitté son état de Dieu Démoniaque. Il était revenu à la raison. Il se releva et para à l’aide d’une seule main l’assaut final de son ennemi juré.

     

    « Morgarath. Tout s’achève ici et maintenant. Je vais te montrer…Ma vision de l’avenir ! »

     

                   Et comme s’il s’agissait d’un miracle, l’œil pourtant hors d’usage grâce à Morgarath s’ouvrit. Lui non plus n’avait plus la même couleur. Les couleurs d’un œil classique s’étaient inversés : le blanc était noir, et le noir était blanc. End scintilla plus fort que jamais et Rain serra l’épée maudite dans sa main droite. Il sentait qu’il allait gagner. Mais le Seigneur ne l’entendait pas de cette oreille, loin de là. Oui, très loin de là. Il reprit sa position dans les cieux et déclara que ce fut le round final. Rain lui répondit avec un air de défi mais tout aussi déterminé. Il cogna son épée contre le sol et recula. Le Tsukuyomi démon, lui, prépara une ultime fois sa Crisis Ball. Elle était si grande et si puissante qu’il fallut intégrer les pouvoirs contenus dans la Rose Noire, elle-même contenant la Kusanagi et Moonlight, afin de lui offrir une surcharge de puissance. Elle formait un véritable soleil miniature, de par son énergie lunaire époustouflante. Elle était plus noire qu’elle ne l’avait jamais été, parcourue par des centaines d’éclairs blancs qui se focalisaient eux-mêmes sur une petite boule blanche. Une fois crée, il la relâcha, lui-même enveloppé par le pouvoir chaotique de la technique.

                   Et Rain prit tout l’élan qui lui était possible de prendre, avant de courir sur l’épave du cuirassé et de prendre son envol, l’arme à la main. C’était le moment ultime. Morgarath, le Seigneur Tsukuyomi déchu ? Ou Rain, le Roi des Dieux Démons ? Tout allait se jouer sur les prochaines secondes.

     

    « Technique secrète Moon Slayer…Contrôle du Chaos ! 

    - Quoi… ?! Non ! Mais…Si tu meurs…

    - Eh si Morgarath…Je vais t’emmener avec moi…Je prends le risque de me faire engloutir par l’énergie de l’Origine, mais si c’est pour accomplir ma mission…Il n’y a aucun souci.

    - Rain !

    - Oh pas question ! Crisis Ball, vas-y ! »

     

                   Et les deux techniques, l’une étant la haine et la destruction à l’état pure concentrées dans une orbe gigantesque qui contenait même son créateur, l’autre la force de l’espoir et la foi en l’avenir, incarnées en un être humain, qui risquait sa vie. Avant la collision, un flash de lumière survint dans l’esprit de Rain.

     

    « Nine…

    - Papa ?

    - Rain…Je suis fier de toi. Bats-le.

    - Oui, père…Je suis Tsukuyomi Rain, le Roi des Dieux Démoniaques venu du futur pour accomplir ma véritable destinée ! »

     

                   Et les deux techniques se heurtèrent, laissant place à un flash immense de lumière, qui dégageait, tel un miracle, le ciel. La Rose Noire, la Kusanagi, la Moonlight et End se plantèrent dans le sol.

     

     

     

    Millenium, le 31 Décembre 2012. Un an suivit les évènements de Morgarath et de la venue de Tsukuyomi Rain en l’an 2011. Tous les dégâts infligés par cette horrible guerre furent réparés, et le monde connait alors la paix à laquelle le héros de l’Histoire avait toujours aspiré. Tsukuyomi Rain, aussi connu sous le nom de Nine Night.

                   Ce fut un jour ensoleillé, comme à l’accoutumée, qui s’offrait à Lilith. Elle ouvrit les volets de sa chambre et observa l’horizon bleuté, reflété sur un magnifique océan. Difficile à imaginer que cet horizon fut le théâtre d’un immense désastre engendré par les troupes hybrides de Morgarath. A peine fut-elle correctement habillé que son téléphone sonna.

     

    « Allô ?

    - Ah, Lilith, je ne te réveille pas ?

    - Oh, pas du tout Reiko. Je me suis déjà levée.

    - Tant mieux.

    - Comment va Ashcroft ?

    - Oh il se porte pour le mieux, il dort encore. Si tu savais comment il est adorable quand il ronronne comme un petit chat.

    - Sans doute.

    - Je suppose que tu viens ce soir ? Une fête est organisée.

    - Bien sûr, ça tient toujours.

    - Alors on se retrouve ce soir ?

    - Oui. »

     

                   Puis elle raccrocha. Cette journée semblait se passer comme dans l’un de ses rêves, ces rêves où un jeune homme aux cheveux teintés par le sang était à ses côtés. Celui-ci lui avait déjà conté son rêve il y a fort longtemps. Depuis, elle le partage de temps à autres. Elle monta sur le toit de sa maison et observa l’immense ville de Millenium, qui s’offrait à elle. Elle s’était vraiment bien rétablie en un an. Les progrès technologiques y ont fortement contribué, surtout depuis qu’on a étudié les systèmes du Scavenger. Elle avait retrouvé sa gloire d’antan, si Millenium n’était pas devenue plus resplendissante encore. Lilith leva la tête au ciel et repensa à tout ce qui s’est passé l’année passée. Elle ne pouvait que pousser un soupir d’ennui et de tristesse. Elle avait pris l’habitude de ne plus le montrer, mais celui qu’elle avait connu comme étant Nine lui manquait plus que tout au monde.

                   Sa journée fut entièrement banale. Elle passa voir Reiko et Ashcroft, qui visiblement semblaient encore secoués de la nuit qu’ils avaient passée ensemble. Elle retourna sur ses pas et au coucher du soleil, elle se prépara enfin pour la fête, dans son armoire étaient rangés divers accoutrements pour ce genre d'évènement.

                   La nuit était divine et l’odeur du sable en situation nocturne berçait tous les fêtards. Il y avait bien des stands, qui proposaient du tir à la carabine, de la chasse aux canards avec une canne, des auto-tamponneuses, et bien d’autres choses que l’on pouvait trouver dans une fête classique. Lilith avait ressorti ses bons vieux vêtements, magnifiques : elle portait une robe, ou plutôt deux, comme on en trouve peu, qui recouvrait tout le corps : la première "robe" était de couleur noire, et était plutôt ouverte qui allait recouvrir la seconde robe jusqu'à la poitrine, laissant ainsi place à celle-ci, qui elle contrastait avec la couleur de la première, qui était par conséquent blanche. Rien de particulier à décrire, si ce n'est qu'elle recouvrait le restant de son magnifique buste. La partie "basse" de la robe était bien plus courte que la première, laissant à découvert une paire de divines jambes, recouvertes entièrement par des bas noirs qui se terminaient merveilleusement bien sur des ballerines de même couleur. Ses formes étaient parfaites, ses bras étaient ni minces, ni larges, en somme, tout était parfait. Ceux-ci étaient gantés de blanc.

                   Elle retrouva plus tard Ashcroft et Reiko, main dans la main, en train de parcourir les stands. Ils rigolaient sur tant de choses, de ci de là, et les deux demoiselles n’hésitaient pas à taquiner Ashcroft quant à certaines de ses manières. Lilith souriait, mais au fond elle savait qu’elle n’aurait jamais accès à un tel bonheur. Son sang ne fit qu’un tour quand elle vit l’ex-Advent et une amie du défunt Seth s’embrasser. Elle s’excusa poliment et partit sur la côte, une plage, sans se douter que les deux tourtereaux la suivaient.

                   Lilith regarda l’obscure plage. Quand elle l'atteignit, elle crut apercevoir une ombre, qui se fondait dans les ténèbres. Une fois seule, la demoiselle avait le regard vide : elle ne pouvait s'empêcher de se remémorer le rêve qu’elle avait fait : elle voyait Rain l’accompagner et lui tenir la main, et s’abandonner au monde des rêves…Sauf que le hic c’est qu’elle y était déjà. Elle n’avait gardé qu’un baiser en guise de souvenir, du temps de son vivant.

     

    « Rain…Ca fait un an…J’aurais tant voulu que tu sois en vie…Et pourtant tu m’avais prévenue…Tu devais peut-être te sacrifier pour la bonne cause…Et…Je me retrouve toute seule…Moi qui ai pourtant essayé de t’ôter la vie… »

     

    Ashcroft et Reiko observaient la scène avec peine, et comprenait désormais ce qui hantait la jeune demoiselle depuis douze mois. Malheureusement ils ne pouvaient rien faire. Si ce n’était qu’entendre ses larmes, et des bruits de pas qui se fondaient dans le sable. Comment ça, des bruits de pas ? Une ombre s’approcha de Lilith et s’immobilisa derrière elle. Ashcroft reconnut immédiatement cette silhouette et tandis que Reiko s’apprêtait à hurler, il l’embrassa pour qu’elle garde son calme.

     

    « Lilith… ?

    - Eh voilà, j’entends sa voix maintenant…

    - Lilith ? C’est toi ?

    - Hum… ? »

     

                   Elle se retourna, pensant que quelqu’un lui avait fait une mauvaise blague, et son sang ne fit qu’un tour. Devant elle, un grand jeune homme aux cheveux rouges raides, attachés pour l’esthétique. Ses yeux étaient violets et l’un était parcouru par une cicatrice. Son visage était parfait, ni appauvri, ni légèrement enrobé. Il était quelque peu musclé mais sans que cela ne se voie ; sa ligne était absolument parfaite. Il était affublé d’un manteau noir qu’on pourrait comparer à une armure, accoutrement qui rappelait fort les Advents de l’époque. D’un sourire, il s’adressa à elle :

     

    « Salut, Lilith.

    - Rain…balbutia-t-elle en pleurant. »

     

                   Elle se retourna et le dénommé Rain ne bougea pas d’un seul pouce, la fixant inlassablement avec un air de tendresse. Pleurant, elle se jeta sur lui, envahie par l'émotion et tenta de se blottir sur lui. Lilith était étendue sur le sol, ne comprenant pas ce qui se passait. Elle tenta de l’attraper par derrière afin de le prendre et le serrer contre elle, mais elle ne fit que brasser que de l’air. Une fois qu’elle rouvrit les yeux, ainsi que Reiko et Ashcroft, il n’y avait personne. Rien. Ce n’était qu’une illusion créée par leurs désirs. Ce n’était que du vent qu’ils avaient devant les yeux, et de la poussière vint piquer les yeux de Lilith. Il ne reviendrait pas, c’était un fait. Le souvenir de Rain était gravé dans leurs mémoires. Cet homme venu du futur avait changé leurs destinées. Désormais, Lilith en était convaincue, comme ses deux amis : le fils de Seth n'appartenait plus qu'à une seule chose : le passé.

     

    Merci d'avoir lu ma fiction jusqu'au bout. Mais désormais je voudrais vous demander deux choses :

    - De commenter ce chapitre en me faisant part de votre avis général.

    - De répondre à la question suivante, un véritable sondage : souhaitez-vous un ou plusieurs chapitres bonus ?

    Merci.

     


    2 commentaires
  • Je sais, ça fait longtemps que je n'ai pas fait de poèmes, j'espère ne pas avoir perdu la main. J'attends vos commentaires ! =D

     

    Vous êtes-vous déjà demandé ?
    Ce qui vous rend heureux et ce qui vous fait sourire ?
    Ce qui vous anime et vous fait rire ?
    Ce qui vous fait voler et que vous voulez protéger ?

    Ce sentiment qui vous caresse comme le vent,
    Cette joie de pouvoir admirer cette chose,
    Ce sentiment de pouvoir faire une pause,
    Cette joie de savoir qu'on ne peut vivre sans.

    Vous aussi, n'est-ce pas, vous l'avez ressenti ?
    L'aube qui recouvre peu à peu votre coeur assombri,
    Cette lueur céleste qui vous réveille,
    Est-ce le soleil ou un ange descendu du ciel ?

    Battant des ailes, nous rêvons de prendre notre envol,
    Pour rejoindre cette lumière, nous avons une détermination folle.
    Parce qu'elle sera celle qui changera notre vie,
    Parce qu'elle sera celle qui nous fera sortir de notre lit.

    Cette lumière qui nous coûte la cécité,
    Cette lumière que l'on veut toucher,
    Cette lumière que l'on veut goûter,
    Cette lumière dont l'odeur nous a attiré,
    Cette lumière qui nous rend sourd,


    Cette lumière, c'est celle de l'amour.


    1 commentaire
  • L'avant-dernier épisode, le début de la fin approche. Que les lames parlent et que les commentaires fusent !

    Rain fit face à Morgarath. Le moment était désormais venu, la bataille décisive pour l’avenir. Le fils de Seth en avait longtemps rêvé. Il allait enfin pouvoir changer son avenir et venger la mort de sa mère, ainsi que pour tous les cauchemars qu’il a endurés. Enfin, il allait pouvoir pointer son sabre contre le Tsukuyomi déchu, son ancien maître mais aussi son pire ennemi. L’air était devenu glacé. Brisant le silence, Morgarath se leva, avec un air solennel mais aussi des plus sérieux. Fubuki savait ce qui allait se passer.

     

    « Impressionnant Rain. Tu es enfin parvenu jusqu’ici. Je commençais à me lasser. Je savais que tôt ou tard tu reviendrais à moi.

    - J’avoue que j’étais moi aussi impatient. Mais désormais tout va se finir ici. Toi, moi, qui sera vainqueur ? Nos lames parleront pour nous et la mienne réclame déjà ton sang.

    - Tu es bien audacieux. Mais j’ai déjà un avantage sur toi. As-tu oublié que j’ai terminé ta formation ? As-tu oublié que je connais la plupart de tes petits secrets ?

    - L’audace n’est rien, si je veux sauver notre monde. Je vais te faire payer pour ce présent que tu m’as donné. »

     

                C’est alors qu’un violent bruit vint interrompre la conversation. Morgarath détourna le regard vers l’origine de cette légère explosion et vit plusieurs silhouettes entrer.

     

    « Ce n’était qu’une question de temps après tout, fit Morgarath.

    - Rain ! cria Reiko.

    - Hé vieux, ça va ? fit Ashcroft.

    - Alors tu m’as vraiment trahi Ashcroft. Très bien.

    - Reiko…Où est…Seth ?

    - Je suis désolée…Il…

    - Je sentais bien qu’un vide se faisait ressentir…Alors c’est vraiment fini…

    - On dirait que le fameux père n’a pas tenu…Il se faisait vieux…Et puis voilà…Sa Moonlight m’appartient ! Il ne me manque plus que Kusanagi et je pourrai retrouver End…

    - Espèce de…Tu as manipulé Lilith…Tu as tué ma mère…Et maintenant Seth, enfoiré ? Tu vas encore tuer combien de personnes ?

    - Oh…Ca dépend de toi. Maintenant, viens. »

     

                A peine Morgarath n’avait-il eu le temps de finir sa phrase que Rain chargea de front, de sa pleine puissance. Son œil de la couleur du rubis semblait encore plus éclatant qu’auparavant. Le Seigneur voyait déjà dans ce dernier toutes les émotions qui l’avaient envahi. La colère, la haine…Mais aussi l’espoir. Kusanagi se fracassa contre la Lame de la Lune de Morgarath, la Rose Noire. Celle-ci ne bougea pas d’un poil face à l’assaut de Rain. Le Tsukuyomi borgne retomba sur ses pieds et engagea un combat rapproché. La volonté qu’émanaient les deux combattants créaient une atmosphère d’une intensité insurmontable, presque étouffante tant que les fracas des sabres leur coupaient le souffle. Les coups étaient parfaitement synchronisés et chacun était en mesure de prévoir le prochain mouvement de l’autre. Ces prévisions étaient sans fin, laissant le combat perdurer. Chacun d’entre eux se repoussa et se préparèrent à exécuter un Divide bien chargé comme seuls des Tsukuyomis de haut niveau savaient le faire. Le choc était particulièrement puissant et les techniques se poursuivaient. L’entrechoquement se poursuivit dans les airs, comme si deux entités s’affrontaient, sans avoir l’intention de lâcher prise. Quant enfin l’un lâcha prise. Le combat de Divides s’immisça alors dans la Kusanagi, attendant un relâchement à pleine puissance.   Mais le Seigneur connaissait cette astuce aussi bien que sa chaussette, et Dieu savait à quel point il la connaissait, sa chaussette. Il continua d’enchaîner les techniques de Moon Slayer, ne laissant aucune chance à Rain de s’approcher de lui afin de décocher un tel coup. Et plus les attaques se multiplièrent, plus le fils de Seth avait du mal à tenir le choc. Il ne réalisa que trop tard ce que Morgarath avait l’intention de faire : surcharger la Kusanagi en puissance afin qu’elle ne puisse plus contenir l’énergie absorbée, afin qu’elle se retourne contre lui. L’épée tremblait d’elle-même tant le pouvoir lunaire s’accumulait, la Lame de la Lune devenait trop instable. Encore un choc et il allait subir la ristourne. Morgarath exécuta un Divide afin de faire craquer la Kusanagi. Rain ayant compris où le Seigneur voulait en venir, il relâcha toute la puissance concentrée en la Kusanagi pour un Divide des plus destructeurs, afin de s’entrechoquer avec l’attaque de son ancien maître. Pendant un instant, tous crurent qu’un démon s’était matérialisé dans le relâchement de puissance de Rain, qu’il avait dû mal à contrôler. Le démon lunaire dégagea avec facilité la faible technique de Morgarath et atteint sa cible de plein fouet, l’envoyant contre une vitre, qui se fissura, mais sans se briser pour autant.

                Il se reprit à genoux, regardant en face pour apercevoir son adversaire. Celui-ci était déjà dans les airs, prêts à lui asséner un coup ravageur. Le Seigneur reprit son sabre juste à temps pour parer l’attaque que lui avait lancée le Roi des Dieux Démoniaques. Mais Morgarath en avait assez de ce petit jeu. Il renversa la situation en deux mouvements et reprit sans attendre l’initiative. Ses coups demeuraient de plus en plus violents, véloces et réfléchis, si bien que Rain perdit le rythme du combat et commença à crouler sous des coups qu’il bloquait avec peine, avant d’encaisser un violent coup de pied pris pour l’occasion, pendant que le Tsukuyomi cherchait à tout prix à bloquer ses assauts de sabres. Il partit valser contre un mur, se demandant comment une telle force était possible. Il semblait tirer des Lames un plus grand pouvoir et il était entièrement disposé à s’en servir pour en finir avec ce combat du destin.

                Ce dernier sentait en lui la puissance des deux Lames de la Lune qui parcourait son sang avec désir, en quête de pouvoir. Ces deux épées étaient littéralement en train de le transformer en un monstre désireux de plus pouvoir, il ne serait pas satisfait sans Kusanagi et End. Morgarath ne s’en rendait pas compte, mais ces deux entités lunaires étaient en train de prendre place en lui. Mais c’est ce qu’il attendait et il espérait enfin obtenir d’elles un contrôle entier. Il se rapprocha de Rain, et continua à le brutaliser, sous les yeux inquiets de Reiko et des autres. Celui-ci subissait les coups. Mais en rien il n’avait le droit de le laisser faire. Il avait fortement l’intention de gagner. Il rattrapa son épée et porta un coup violent à Morgarath, qui recula. Les rôles s’inversèrent alors et ce dernier n’avait pas d’autre choix, au vu de la situation, de perdre le contrôle de la situation, avant d’égaliser avec son assaillant. Les lames s’entrechoquèrent avec une telle violence qu’on croyait qu’elles allaient se briser sous la force grandissante des impacts. Ni Rain, ni son ancien maître ne semblait vouloir céder à l’autre, et bientôt, rien que la vue de celui qu’il combattait leur donnait la nausée, au point d’en devenir fou tant qu’ils se haïssaient mutuellement.

                Le fils de Seth désarma Morgarath et le prit par le col avant de lui attribuer une pluie de coups d’une bestialité rare, il ne pensait presque plus à son épée afin d’en finir avec lui. Sa haine avait désormais atteint son paroxysme et plus rien ne pouvait lui enlever l’idée d’éventrer celui qui avait fait de son présent un cauchemar vivant un monde de ténèbres où seul l’instinct sauvage de survie dominait dans sa ville. La mort l’attendait à chaque coin de rue et l’épiait avant d’attendre le bon moment. Un monde dont la sauvagerie était égale à celle des Chinmères. Le Seigneur allait payer pour tout ça. Qu’importe le moyen. Il le traîna contre un mur avant de le fracasser dessus. Il voulait que sa peine et sa douleur soit aussi lente que le temps qui passait dans son présent. Enfin, il le lâcha. Celui-ci n’attendit pas la tombée de la nuit pour reprendre le contrôle et dégager Rain, de sorte à ce qu’il puisse récupérer son épée. Un choc violent se fit alors entendre, aussi bref mais violent qu’un coup de foudre.

                Kusanagi volait en tournoyant, laissant le Tsukuyomi sans défense, empalé par la Rose Noire de Morgarath. Les yeux de ceux-ci étaient d’abord comme choqués, puis il esquissait un sourire, le sourire de sa victoire ; laissant glisser sa victime, les yeux laissant échapper sa mauvaise surprise, qui tombait au sol, un trou mince mais peut-être fatal, pissant le sang comme une fontaine. Tous crièrent un « non » à l’unisson, comme si leur vie venait de leur être ôtée, en pleine conscience. Etalé sur le sol, Rain n’avait alors aucun moyen d’empêcher Morgarath de prendre en main sa Lame de la Lune, Kusanagi. C’est alors, qu’avant que ce dernier ne s’exécuta, que Near, ou plutôt Ashcroft, lui sauta dessus, l’empêchant de mettre la main dessus.

     

    « Ashcroft ! Enfoiré ! Comment oses-tu… !

    - Je ne vous laisserai pas faire, quitte à mourir de votre main. Rain est hors-service.

    - Near ! Ne prends pas ce risque ! supplia Reiko.

    - Désolé Reiko mais c’est quelque chose que je dois accomplir seul. Il est mon créateur et même malgré ça, je vais le combattre.

    - Non, Near…

    - Fuyez et emmenez Lilith avec vous.

    - On ne peut pas te laisser là !

    - Reiko…Fais ce que je te dis. Rain aurait t’aurait ordonné la même chose. Je mourrai pour notre survie, s’il le faut.

    - Alors tu le prends sur ce ton, Ashcroft ? Tu oses me trahir, et maintenant tu te mets sur MON chemin en pointant ton arme sur moi ? Tu es impardonnable et je vais te montrer ce qu’il en coûte…Hé mais…Kusanagi…

    - Parce que tu crois que je vais combattre avec mon pitoyable sabre ? Non…La volonté de Rain est dans ma main, et même si je suis une création, je dispose de ton sang, ce qui m’autorise à la manier…Et même si je n’étais pas en mesure de le faire, j’aurais pris le risque. En garde ! »

     

                Ce fut au tour d’Ashcroft, l’ex-Advent, de prendre l’initiative de combattre, laissant Rain inerte. A la surprise de son créateur, Kusanagi ne changea pas de forme…Etait-ce réellement la volonté du Tsukuyomi qui résidait dans cette épée, lui autorisant de se battre en sa compagnie ? Dans un sens, Near était presque fier de brandir une telle arme. Mieux encore, il se battait avec son ami, Rain. Morgarath laissa échapper un soupir d’agacement, avant de se confronter avec sa création. C’était sans doute la première fois que le chef des Advents maniait le sabre, mais il n’en démordait pas moins. Sa maîtrise du sabre était plus qu’étonnante, Morgarath dut le reconnaître malgré tout. Le choc des Lames était moins violent mais restait digne du combat qui les opposait. Après avoir repoussé ce dernier, tout le monde s’attendait à voir un Divide se décocher sans attendre. Mais non. La détermination d’Ashcroft était telle qu’il ne se préoccupait pas de telles techniques, et il chargea à nouveau en direction de son adversaire afin de poursuivre les fracas de fer lunaire des deux armes mythiques, qui avaient scellé le destin du monde démoniaque il y a bien des siècles.

                Morgarath voyait de moins en moins Ashcroft comme sa création. Quelque chose avait changé en lui, le rendant plus fort qu’il ne l’avait jamais été. Il ne voyait pas physiquement ce qui pouvait l’avoir rendu aussi puissant, le rendant aussi coriace que l’était son ancien adversaire. Ses techniques demeuraient les mêmes dans le fond mais sa vélocité dans la frappe et sa vitesse de réflexion afin de repérer les angles morts étaient plus aiguisées que jamais. Dans un premier temps, le Seigneur ignorait ce qui pouvait le rendre aussi fort. Enfin, il comprit, en voyant le regard de flammes de sa progéniture : la volonté de rendre le monde le mieux possible, qu’importe le prix. Il y avait aussi l’amitié qui le liait à son ancien disciple. Mais tout ceci allait bien au-delà de ce qu’il pouvait percevoir dans de simples globes oculaires. Quand Morgarath parvenait à l’entailler, il ne sentait rien et continuait sa course folle, telle une bête enragée qui ne s’arrêterait qu’à la mort, qu’importe ce qui pourrait lui arriver. Seule la victoire importait désormais.

                Plus le temps passait et plus le Seigneur avait du mal à prévoir les coups de sa créature désobéissante. Celle-ci attaquait sous des angles inespérés, presque morts. Mais Morgarath, par quel miracle, arrivait toujours à esquiver ou à parer l’attaque de justesse.  Il était vraiment très doué. Pas seulement pour faire le clown, mais aussi pour éviter les coups au bon moment et à répliquer en conséquence. Le niveau semblait être égal entre les deux combattants, qui faisaient parler leurs sabres plus que jamais. Mais Ashcroft était parfaitement conscient que son ancien maître ne se donnait pas vraiment à fond. Il l’aurait déjà écrasé. Mais pourquoi prenait-il autant son temps ? Cette question n’avait plus lieu d’être quand Near reprit pleinement conscience et se jeta à nouveau dans la bataille. Les fers se caressaient avec une hypocrisie hors du commun, donnant lieu à des étincelles qui révélaient la véritable intention de celles-ci : celle de vaincre l’autre.

                Morgarath commençait à se lasser de ce combat qui n’en avait que trop duré pour un traître comme Ashcroft, qui lui avait juré fidélité et gagné sa confiance. Le même genre de scène se reproduit alors : le Seigneur reprit soudainement l’avantage et envoya Near contre le mur avec plus de violence qu’avec Rain, et ne commettant pas la même erreur que les deux rebelles, il enchaîna directement avec une nouvelle technique Moon Slayer.

     

    « L’âme du vent obscur… »

     

                Et Morgarath se lança à l’assaut, si rapide qu’il était impossible de le distinguer. Il était l’air lui-même et transperçait le pauvre Near impitoyablement. Il avait dix grosses entailles en un éclair, laissant l’Advent incapable de faire le moindre mouvement. Malgré toutes ces blessures, la chrysalide fit son rôle et répara les systèmes endommagés. Il retira la Rose Noire de son torse et la planta à côté de lui, afin de porter à Morgarath un coup des plus violents, afin de le repousser. Celui-ci fut pris sous le choc, et il lui semblait qu’un dérèglement général se fit sentir dans son propre corps, avant de se faire propulser à quelques mètres. Il ne ressentait plus la même aura en provenance de sa création. Elle devenait plus menaçante. Plus dangereuse. Telle qu’elle le mettait en alerte que s’il ne tuait pas Ashcroft au plus vite, il prenait le risque d’y passer. Quand il leva les yeux, ce dernier prit un violent coup de coude dans le crâne. Mais ce n’était pas un coup classique.

                Cette aura se répandait tout autour de son corps, et prenait une légère apparence, de couleur bleutée. Ses veines commençaient à ressortir, comme pour une transformation en Dieu Démon. Bien entendu, en tant que création, il ne pouvait pas se transformer de la sorte. Il n’avait que le quart de la puissance d’un de ces spécimens, mais c’était largement suffisant pour reprendre l’avantage, aussi bref soit-il. Mais tandis qu’Ashcroft s’apprêtait à porter le coup d’épée qu’il pensait final, la Rose Noire se dématérialisa du mur, et créa un impact avec la Lame du Seigneur. L’Advent fut surpris, mais il réalisa ce qu’il se passait : la Rose Noire tirait du pouvoir de Moonlight, celui de se dématérialiser et de se reprendre forme à la guise de son possesseur. Mais quels étaient les pouvoirs propres à la Rose Noire ? Simplement d’absorber le pouvoir d’une autre Lame de la Lune ? Ou avait-elle ses propres caractéristiques de combat ?

                Ashcroft n’en savait rien. Mais Morgarath, lui, devait le savoir. Mais en rien il n’avait le droit de lui laisser découvrir de quoi il en retournait. Les deux épées reprirent leur conversation de tout à l’heure, celle-ci était toujours aussi épique, leurs arguments étaient de taille et rien ne semblait briser la volonté de l’une d’entre elles. Elles se répondirent avec toujours plus de violence et de vigueur et ce pendant près d’une dizaine de minutes, gouvernées par le silence et le son des épées qui entraient en collision à longueur de temps. Morgarath et Near se tenaient tête mutuellement, et n’avaient nullement l’intention de lâcher prise. Les coups de front se multipliaient, c’était une véritable épreuve de force qui se manifestait entre les deux anciens alliés. Jamais le Seigneur n’aurait cru que le pouvoir de l’une de ses inventions serait si grand. Avait-il appris à maîtriser les effets de la chrysalide daodane ? C’était l’explication la plus plausible. De plus, il ne semblait souffrir d’aucune mutation, alors qu’une chrysalide, à son développement final, aurait déjà dû le métamorphoser en l’une de ces créatures que Morgarath avait envoyées sur le champ de bataille.

                Mais si Ashcroft commençait à s’épuiser d’un combat aussi épique, son créateur, lui, tenait parfaitement le choc, bien que ce soit son deuxième combat. Son souffle était désordonné et ses mouvements commençaient à perdre en fermeté. Pendant les cinq minutes qui suivirent, Near passa plus son temps à esquiver les assauts grandissants de son créateur, qui gagnait sans cesse du terrain. Une nouvelle fois, la Kusanagi s’échappa des mains de son contrôleur, et se planta dans le sol. Le regard de tous fut concentré sur un seul point. La victoire de Morgarath. Ce dernier savait qu’Ashcroft ne mourrait pas de la sorte, et décida de reporter son sort à plus tard.

                Le roi des androïdes était parfaitement convaincu de sa victoire, malgré les cris de Reiko et de Kiryu qui ordonnaient à l’Advent de se relever. Il gisait sur le sol, pataugeant dans une flaque de sang. Morgarath prit pied dans ce petit lac et empoigna la Kusanagi.

     

    « Enfin nous y voilà, chère Kusanagi…Tu vas désormais me rejoindre…Et m’aider à conquérir End. »

     

                Il brandit la troisième Lame de la Lune en l’air et celle-ci se mit à briller, avant de ne plus laisser trace du moindre éclat. Le sabre lunaire qui appartenait à Rain se dématérialisa alors, et les poussières d’étoile qui en résultaient se firent comme aspirer par la Rose Noire, déjà en possession de Moonlight. Celle-ci brilla d’une lumière plus forte encore, avant de reprendre sa lueur habituelle.

     

    « Enfin ! Nous y voilà…J’ai gagné ! Le futur est à moi et la boucle est bouclée…Qu’importe si tu survis dans le futur, c’est terminé…Je te vaincrai toujours ! Alors, Tsukuyomi Rain ? On n’a plus assez de volonté pour survivre ? Que c’est dommage…Tu vas rejoindre ton défunt père…Mais pour l’heure…Kusanagi ! Rose Noire ! Moonlight ! Ouvrez-moi le passage vers les Stèles ! Acheva-t-il en se retournant, face à la vitre. »

     

                Une sorte de vortex fit son apparition sur le sol, où un pentacle similaire à celui du lieu où était scellé End était tracé. Ce dernier brilla d’une couleur écarlate resplendissante. Mais bien que la puissance sembla optimale, le portail se referma et la lumière rouge qui jaillissait en verticale s’éteignit tout aussi subitement.

     

    « Pourquoi ? Pourquoi tu ne m’ouvres pas ce fichu portail ! J’ai les trois Lames de la Lune en ma possession, pourquoi ? Hurlait-il sans relâche.

    - Parce que je ne suis pas encore mort…

    - Quoi ? »

     

                Et tel un phénix renaissant de ses cendres, Rain se releva, un sabre extrêmement obscur à la main. Sa lame était aussi noire que la nuit quand elle régnait à son paroxysme, entachée par la malédiction qui l’avait scellée depuis des siècles. Le manche et la garde étaient tous deux d’un argent obscurci, et celle-ci était parcourue par un symbole lunaire, que tous commençaient à bien connaître. Mais ce n’était pas le seul changement. Rain, comme ayant subi une évolution, avait changé d’accoutrement, on ne sait par quel miracle. La seule hypothèse que tous pensaient juste était celle de la chrysalide implantée dans son armure qui avait atteint son stade. Désormais il était recouvert d’un long manteau rouge. Sous ce manteau rouge se cachait un accoutrement noir. Le bas du corps était recouvert par un pantalon large de la même couleur, se finissant sur des chaussures…Identiques.

                Rain se releva.


    votre commentaire
  • C’était un cauchemar qui se tenait devant lui. Un cauchemar de la pire espèce, reflétant ses pires craintes et un désespoir sans précédent. Devant lui se tenait cette jeune demoiselle au teint pâle mais au visage délicieux et divin, qui, dans ces circonstances, n’évoquait rien d’autre qu’un Ange de la Mort venu pour en finir avec lui. Celle qu’il avait aimée depuis le jour de sa rencontre lui faisait face. Derrière Lilith se tenait Morgarath, le sourire aux lèvres. Il s’amusait de cette scène. Voir les fameux deux amants se battre, c’était un spectacle qu’il ne manquerait pour absolument rien au monde. Lilith s’avança, l’air tout aussi amusée que son Seigneur. Elle brandit une véritable réplique de la légendaire faux de la Mort, synonyme à ses yeux du destin de Rain. La lame était un véritable saphir sculpté, brillant de ses mille feux. Ce saphir était si beau que le fils de Seth y reconnut immédiatement ce bleu céleste et unique qu’il avait toujours gardé dans sa tête tant bien que mal. Un bleu qui vous berce et vous donne la joie de vivre, un bleu unique qu’un écran, aussi performant puisse-t-il être, ne reproduirait jamais.

     

    « Allez Rain, commençons. Un duel à mort nous oppose. Si tu gagnes tu auras le droit de te mesurer à mon Seigneur et bien sûr, perdre. Et si tu perds, tout sera fini…Jamais tu n’aurais cru une telle chose, pas vrai ?

    -  Pourquoi ? Pourquoi es-tu ici ?

    - Je suis au service de Morgarath. Ne cherche pas à faire une philosophie sur notre passé ou je ne sais quoi, ma volonté est inébranlable. Allez, bats-toi ou tu mourras ! »

     

                Et la douce et somptueuse Lilith se lança à l’assaut. Rain esquiva, sans dégainer son sabre. Lilith se reprit après avoir trébuchée, et enchaîna les coups, que son ancien amant esquiva de la même manière. Le dernier des Tsukuyomis n’attaqua pas, sa main n’était même pas posée sur le manche de sa Lame de la Lune. Il se contentait de glisser sous les coups, comme s’il cherchait à caresser la lame qui cherchait sans tête sa tête afin de la couper. Rain jouait presque avec, même si l’esprit n’y était pas. Il profitait de ses mouvements pour observer le regard de Lilith, qui était si différent de l’accoutumée. Dans son regard n’existait aucune pitié, et il y en avait autant que de la compassion. Rain ne voulait pas combattre. Il refusait de toucher à un cheveu de celle qu’il avait chérie durant toute cette épopée, celle à qui il a pensé même durant son entraînement avec Morgarath.

                Mais d’un autre côté, s’il ne gagnait pas, son futur comme celui de l’humanité était condamné. Alors que l’épée de saphir de Lilith allait prendre le nouveau Roi des Dieux Démons à revers, celui-ci attrapa littéralement le tranchant de la faux, comme si on la lui donnait. Il la souleva avec Lilith, qui ne voulait pas lâcher prise, puis il la lança comme si ne rien n’était. Cette dernière se reprit rapidement et retomba sur ses pieds comme si elle avait sauté d’un petit rocher. Rien de très dangereux donc. Rain ne cessa de trembler tout en retirant Kusanagi de son fourreau. Celle-ci laissa partir une petite étincelle. Enfin, il la pointa vers Lilith.

     

    « Alors ça y est, tu te décides à te battre ? Mais tu ne ressens rien ? Tu as peur de me tuer ?

    - Celle que je combats n’est pas Lilith. Non. Celle que je combats n’est que son pion !

    - Mais il n’y a pas si longtemps…Tu l’étais aussi ! »

     

                Et Lilith chargea sans aucune réticence. Elle enchaîna les coups verticaux comme horizontaux, mais avant même qu’un coup l’atteigne, son opposant devinait ce qu’elle avait en tête et se joua de tout ça. Tantôt il dansait avec la lame de son ennemie, tantôt il la dégagea. Quand il prit son combat au sérieux, cinq minutes s’étaient déjà écoulées, cinq tas de soixante pièces de rouages temporaux, plus précieux que ces mots ne semblaient le faire croire, car de l’autre côté se déroulait la guerre qui allait tout changer, celle qui opposait l’armée du Seigneur Tsukuyomi déchu, de l’autre celle du nouveau Roi des Dieux Démoniaques, subordonnée par Alexander Tsukuyomi.

     Les armées se déchiraient sans cesse et en permanence, de nouvelles troupes débarquaient d’on ne sait où. Aucun soldat ne se préoccupait d’où il marchait, car force est de le reconnaître, la boucherie était telle que tous marchaient sur des cadavres, ou alors dans des flaques de sang. Les fracas sonnaient en chœur, le son était tel qu’il en devenait assourdissant, insupportable. Mais personne ne s’en souciait, et pire encore, personne ne l’avait remarqué, tous happés par l’importance de ce combat qui ne donnait plus lieu à des présentations. L’intensité ne se décrivait plus par les mots. Seule la pensée pouvait imaginer l’étendue d’une telle tension. La moindre maladresse stratégique déterminait l’issue du combat et en chaîne, le futur.

     

                Morgarath regardait avec passion Lilith et Rain se battre farouchement. Il se délectait du moindre mouvement musculaire, si bien qu’il regrettait de ne pas avoir pris de pop-corn pour admirer la scène. Si Rain semblait avoir l’avantage, Lilith savait qu’il n’en était absolument rien. Le Tsukuyomi frappait avec toujours plus de détermination à gagner cette bataille, et plus encore sachant que la guerre était à la clé. Rarement le fils de Seth n’avait fait preuve d’autant de concentration, et le Seigneur le découvrit à ses dépens. Même face à lui, Rain n’avait jamais semblé être aussi absorbé par l’instant. Lilith, soudainement, prit appui sur le coup vertical de l’ancien disciple, et le repoussa avec une force insoupçonnée.

     

    « Très bien mon ange…Désormais tu vas connaître une souffrance telle que tes cauchemars se plieront à ma volonté. A genoux ! Spare Wind ! »

     

                Promesses tenues. Lilith fit tournoyer sa faux dans les airs avant de l’abattre sur le sol. Sur l’instant, celle-ci semblait extrêmement lourde, comme si un poids allait se libérer. Un typhon vint alors rencontrer Rain, qui se remettait à peine de la précédente attaque, et qui le propulsa avec violence contre l’un des murs de la salle, lui occasionnant de grosses écorchures qui semblaient être générées par la lame de saphir du Joker de Morgarath, alors qu’elle ne l’avait jamais vraiment touché. Le vent aiguisé continuait ses rafales et Rain en souffrait. Il n’avait que très rarement été victime d’un tel martyr. Les lames de vent étaient telles qu’une cicatrice verticale se fendit sur l’œil gauche, lui privant de sa vue. Il était devenu borgne. Les cris de douleur tonnaient comme des coups de tonnerre lors d’une tempête, capables de faire flancher de pitié n’importe qui. Et puis, plus rien. Pas même un petit soupir de souffrance. Rain se détacha du mur contre lequel il était cloué et s’effondra sur le sol. Lilith le rejoint et l’agrippa par les cheveux. L’œil restant de son adversaire était totalement vide et ne bougeait plus. Il murmurrait continuellement le nom de celle qu’il avait toujours aimé.

     

    « Excellent, ma grande Lilith.

    - Merci mon Seigneur. Que devons-nous faire ?

    - Tuez-le.

    - Je préfère encore le faire souffrir. Son âme a peut-être atteint la limite mais son corps souffre toujours. Le mieux est de le réveiller tout en provoquant de plus grandes douleurs.

    - Alors, fais. »

     

                Et Lilith s’exécuta. Elle fracassa Rain dans tous les sens possibles et imaginables, toujours en augmentant le niveau de sa brutalité. Il n’était bientôt plus possible de réaliser ce qu’était la réalité. Elle prit soin de l’immobiliser et se prépara à l’exécuter. Mais comme un refus du cœur, End et Kusanagi brillèrent. La faux s’arrêta net au cou.

     

    « Alors c’est vraiment la réalité…N’est-ce pas ?

    - Mais que…balbutia Morgarath, qui avait sursauté sur le coup.

    - C’est impensable…Rain…Comment es-tu encore vivant ?n

    - Et comment n’as-tu pas pu me tuer ? Je vais laisser mon sabre répondre pour nous, fit-il en brandissant Kusanagi, tout en dégageant une aura inconnue. »

     

                Comme s’il ne s’était jamais rien passé, Rain ouvrit son œil restant. Personne à bord ne comprit ce qu’il se passait. Ce dernier encore intact prit d’étranges couleurs : la pupille de celui-ci était d’un noir impénétrable, entourée par un rouge semblable à celui d’un rubis. Il leva ceux-ci en direction de Lilith, qui comprit de suite que le combat ne faisait que débuter. Celle-ci reprit sa technique de la tornade en y ajoutant le plus de force possible, tant qu’elle s’épuisait, à vouloir sa mort. Le Roi des Dieux Démoniaques s’avança comme si ne rien n’était. Il reprit la Kusanagi qui s’était plantée profondément par terre et chargea sur son ennemie. Celle-ci n’eut à peine la force de dévier le coup qu’elle succomba déjà sous la fatigue. Rain, n’écoutant plus ce que lui hurlait son cœur, reprit une technique similaire à la sienne et fit un mouvement de dégagement, propulsant sa victime à son tour contre le mur. Ce dernier reprit Lilith en l’agrippant au coup et enfonça sans pitié cette dernière dans les fissures occasionnées. L’ancienne petite amie pensait avoir atteint la limite. Elle retomba sur ses genoux, ayant encore suffisamment de force pour tenir sur ceux-ci.

     

    « Non…Je ne veux plus…

    - Silence. Tu n’as pas hésité à me pousser jusqu’à l’extrême bord du gouffre de la mort. Et tu veux que je t’épargne ? Comment oses-tu, après toute cette souffrance ?

    - Sau…Sauve-moi…continua Lilith, en pleurant, comme si elle avait repris conscience.

    - Après tout je n’ai aucune raison ultérieure pour te tuer…fit-il en rengainant son sabre. Nous ne nous connaissons pas, acheva-t-il avec dédain. Je ne t’ai jamais connue. Oublie-moi.  

    - Rain…Rain !

    - Maintenant, à nous deux, Morgarath. Tu vas payer cher.

    - Parce que tu crois que c’est terminé pour toi ?»

     

                Sur ces mots, Rain ne bougea plus. Non pas parce qu’il ne le voulait pas, mais parce qu’il ne le pouvait pas. Il réfléchissait à une telle manœuvre. Aucun fil ne semblait l’immobiliser et rien d’apparent dans la pièce ne semblait être en mesure de l’immobiliser de la sorte. Il se souvint légèrement d’une chose que lui avait apprise Seth à ses débuts : « Si un jour tu te fais immobiliser d’une quelconque manière, et que rien à première vue ne permette un tel tour, c’est que quelqu’un a utilisé l’immobilisation de ton ombre. » Ce n’était « que » ça. Quelqu’un avait immobilisé son ombre. Mais comment ? Il était face à Morgarath et Lilith était trop épuisée pour faire un tel coup. Du moins c’est ce qu’il pensait. L’erreur à ne jamais commettre, celle de ne pas s’assurer que son adversaire soit vaincu, Rain l’avait commise. Lilith se tenait derrière lui.

     

    « Parfait. Manipulation de l’ombre lunaire réussie. »

     

                La demoiselle aux allures d’ange de la mort ordonna à l’ombre de mettre Rain en face d’elle. Elle s’avança lentement, mais avec un air inquiétant. Chaque pas, tout le monde le sentait comme étant l’un de ceux qui rapprochent le fils de Seth de sa mort. Si celle-ci n’avait pas osé chercher le Dieu Démon, elle n’hésiterait pas à ôter la vie de l’homme du futur. Sa place n’était pas ici, tous le savaient, lui le premier. Il avait commis l’erreur d’affronter le temps. Personne n’a le pouvoir de braver cet élément qui régit notre univers. Mais sans le montrer, cette situation le rassurait.

     

    « Lilith…Te souviens-tu de ce que j’ai dit ? Que je mourrais pour notre futur à tous.

    - Et alors ? Nous ne partageons pas le même futur.

    - Même si je meurs, Morgarath me suivra…Par un moyen ou un autre. Quand je disais ça, j’étais sérieux. »

     

                Plus rien ne pouvait lui venir en aide. Les bruits de pas de Lilith étaient brefs, mais envahissaient l’esprit de tous, comme s’il n’existait que ça. Ses pas étaient comme une horloge, dont l’aiguille avance chaque seconde avec un bruit mécanique. Enfin, Lilith était en face du Roi des Dieux Démons. Elle leva la faux, puis elle regarda une dernière fois ce dernier avant qu’il ne meure. Il baissait les yeux, prêt à accepter son châtiment. Le temps lui avait offert l’illusion d’une vie normale, et d’un sentiment merveilleux. Mais tout cela avait finalement un prix, une mort atroce, la moins enviable possible.

                Et la faux de la Mort s’abattit. C’est alors que des lumières jaillissaient de toutes parts par toutes les sources lumineuses de la pièce, se fixant sur la silhouette de Rain. Les ombres étaient déformées et il n’était plus possible d’exercer le sortilège immobilisant. Mais il était peut-être bien déjà trop tard. Tous entendaient dans leurs esprits un doux chant macabre qui accompagnait la scène de l’exécution qui se déroulait sous leurs yeux. Le fils de Seth rattrapa la faux et la lança le plus loin possible.

     

    « Qui a fait ça ?! Répondez !

    - Ce n’est que moi, sire Morgarath.

    - Fubuki ? Comment as-tu osé…Rain allait mourir ! Pourquoi ?!

    - Je veux croire…En notre futur. Rain m’a montré un espoir. Je veux le suivre.

    - Tu te montes contre moi ?

    - Cet espoir pourra être entaché de sang, il reste un espoir. Ce futur, comme Ashcroft, je veux y croire. Ma volonté en a décidé ainsi.

    - Fubuki…

    - Maintenant, Elu de la Lune, vaincs ton ennemi et montre-moi cet avenir que tu nous as tous promis !

    - Rain…Pourquoi veux-tu rester en vie ? fit Lilith, désemparée par sa défaite.

    - Parce que j’ai aussi promis de ne pas mourir avant d’avoir montré au monde cette paix dont nous rêvons tous…Je te l’ai aussi promis, Lilith, non ?

    - Bande d’enfoirés…Vous m’avez tous trahis…Mais cela ne sert plus à rien de vous garder. J’ai en possession Kusanagi, grâce au sort de l’ombre. Et grâce à ma propre Lame, le pouvoir de Kusanagi va intégrer cette dernière…Regarde ! Cette puissance ! » 


    votre commentaire
  • Kyo peut perdre une course contre la montre.

    Kyo peut se faire doubler à l'extrême fin d'une course, à un millième de seconde près. Si, si.

    Kyo peut déraper sur une surface sèche.

    Si Kyo n'a jamais prévu quoi que ce soit, c'est parce qu'il sait qu'il ira à l'encontre du destin.

    La cartouche d'encre du stylo de Kyo est toujours vide.

    Si un prof de Math corrige une copie de Kyo, alors 2 + 2 = 5.

    Kyo peut se pendre avec un téléphone sans fil.

    Pas besoin d'un Death Note pour tuer Kyo, une savonette suffira.

    Détective Conan n'a jamais résolu le mystère de la malchance de Kyo.

    Kyo est le contre-exemple des lois de la physique...Celles logiques, en tout cas.

    Kyo peut mourir de froid en été.

    Quand Kyo te casse, tu te suicides. Personne ne doit apprendre que Kyo t'a cassé.


    votre commentaire